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dimanche 1 septembre 2013

Chronique Japonaise, de Nicolas Bouvier

L'auteur : Nicolas Bouvier (1929-1998) était un écrivain, photographe et iconographe suisse. Il est surtout un grand voyageur (il commence à 17 ans avec un premier voyage en solitaire en Norvège). Ce n'est pas très étonnant : fils de bibliothécaire, il passe une partie de son enfance plongé dans les atlas de géographie et les récits de voyage. Doté d'un oeil et d'une plume formidables, il excelle dans le domaine de la littérature de voyage. Depuis L'Usage du Monde en 1963, il est considéré non seulement comme un maître mais comme un artisan du renouveau du genre.


Illustration : Le Blaireau magique, "Tanuki".
Estampe de Hokusai tirée des archives de N. Bouvier.

Présentation de l'éditeur
: "Le voyageur, écrit Nicolas Bouvier (1929-1998), est une source continuelle de perplexités. Sa place est partout et nulle part. Il vit d'instants volés, de reflets, de menus présents, d'aubaines et de miettes. Voici ces miettes..."
Voici donc ces textes sur le Japon : là où d'autres convoquent une bibliothèque entière pour se donner des airs de penseur zen, l'écrivain voyageur sait nous livrer en une ligne le pur diamant d'une sensation. Car, avec Chronique japonaise, Nicolas Bouvier réussit ce que les anciens maîtres artisans appelaient un chef-d'oeuvre. (André Veltier, Le Monde)
Me sachant très friand de ce qui se rapporte au Japon, un ami m'a recommandé ce livre. Et je lui en suis très reconnaissant. Car, au-delà du livre et de son sujet, j'ai découvert l'auteur. Nicolas Bouvier a fait de cette lecture un grand coup de coeur, et je suis maintenant impatient de découvrir ses autres récits.

Qu'il s'agisse des paysages naturels, des villes ou des gens, Bouvier parvient à les capturer en quelques lignes savoureuses. Mais il ne fait pas que les capturer : dans le même temps, il parvient à stimuler notre imagination et les scènes nous apparaissent tout à fait vivantes. Comme si nous l'avions accompagné lors des deux voyages (1956 puis 1964) qu'il relate dans ce livre. C'en est même saisissant : les sons, les odeurs, les détails aperçus brièvement du coin de l'oeil, et l'on y est. Dans ces moments, le style d'écriture relève parfois de la prise de notes dans un carnet de voyageur ou encore sur ces morceaux de papier qui nous tombent parfois sous la main.

Le texte ne se résume pas aux chroniques de Nicolas Bouvier au Japon. Comme l'indique déjà le titre, il s'agit également de faire la chronique du Japon. Le but est de lever le voile sur le pays, quitte à remonter aux origines telles qu'elles sont décrites dans les deux plus anciens textes japonais connus. De la création du monde à la défaite de 1945, l'auteur se penche sur plusieurs moments clés de l'histoire du pays en se concentrant sur deux points : les relations du Japon avec ses voisins Coréens, Chinois et Russes d'une part, et surtout les relations avec l'Occident.

L'idée est de (faire) découvrir ces aspects du pays et de ses habitants qui nous échappent et qui ont mené à de nombreuses incompréhensions entre le Japon et l'Occident. Dans ces passages, la plume de Bouvier se teinte d'une ironie et d'un humour légers mais rafraîchissants. Mais, à mesure qu'il avance dans son récit, elle se charge également de frustration. Le bourlingueur sent bien que de nombreuses choses lui échappent, et son voyage se fait quête. Ce sentiment de blocage va en s'intensifiant et, au lieu de revenir plein d'images et de certitudes bien emballées et commodes, Nicolas Bouvier soumet une conviction au lecteur : bien que tombé amoureux de ce pays, il y a encore quelque chose qui lui échappe. Pour aller plus loin, le lecteur n'a d'autre choix que de se confronter directement - et encore d'avantage que l'auteur - au Japon et aux Japonais.

En somme, ce livre a été une révélation pour moi. Plutôt court, il est également assez dense. S'il permet de s'évader, ce n'est pas à la façon d'un roman. Sa lecture est plus difficile, plus exigeante peut-être. Mais elle ne m'a jamais semblé pesante. Je le recommande chaudement, et je suis assez convaincu que les autres livres de Nicolas Bouvier me plairont grandement à leur tour.


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